Le Bourj ‘Ali : tour de
garde, palais damascène et résidence patricienne du Saïda des
XVIIIe et XIXe siècles ottomans
May
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Fig. 1 : Vue de la façade est
Fig. 2 : Le
vestibule en escaliers
Fig. 3 : Au
sous-sol : les écuries
Le burj'Ali: position du palais par rapport aux murailles.
Fig. 4 : Le
Bourj ‘Ali : plan au sol d'une maison patricienne du XVIIIe siècle ottoman
Fig. 5
: La caserne ottomane et la mosquée dite “barrani”,
vues du palais Debbaneh
Fig. 6 :
L’inscription
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(This article presents the architectural evolution of a particularly rich 18th and 19th-century residence. It follows its evolution from a military edifice into a manorial dwelling with typical 18th-century Ottoman internal decoration, which was then transformed into a 19th-century local notable's residence with European influences.)
Au début du XVIIIe siècle, ‘Ali Agha
Hammoud fit convertir en demeure le Bourj ‘Ali, la tour de
garde qu'il commandait sur la muraille de Saïda, à proximité du
Bab Bayrout, une des entrées principales de la
ville2. La propriété fut
par la suite cédée ou donnée en location, avant d'être acquise
par les Bani Debbaneh, apparemment vers le milieu du XIXe
siècle. Le Bourj ‘Ali fit ainsi l'expérience de multiples
remaniements, l'édifice actuel étant en somme le fruit d'une
élaboration constructive longue de deux siècles et faite par
étapes.
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À la fois logis et place forte, ce
monument est en effet original, ayant été appelé à répondre à
différents programmes, tout le long de son histoire. Dans tous
les cas, il est unique en son genre au Liban. C’est un des
rares édifices encore debout à porter les marques de
l’architecture à la fois militaire et domestique, de même que
l'empreinte de l'art décoratif des premiers siècles de la
domination ottomane.
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En dépit des outrages de la guerre civile
qui a secoué le pays de 1975 à 1990, la résidence est
relativement bien conservée3. La
sobriété de ses façades et la simplicité des lignes extérieures
(Fig. 1) contrastent avec la surcharge des décors intérieurs.
Par la disposition des pièces, par la forme des ouvertures et
par le type de parement, elle s’apparente aux demeures
aristocratiques turquisantes qui furent édifiées par les
gouverneurs et aussi par des notables, dans les différentes
villes de la région, à la même époque4. La
ressemblance avec le palais ‘Azem5et
avec les bayt (maisons) Jabri6,
Siba‘i, Fransa et Farhi de Damas est remarquable, pour ne citer
que des exemples évidents7. Dans le Mont
Liban, la salle principale du sérail de Deir el-Qamar présente
un même type de décor, que l’on observe encore dans un
iwan contigu à l’entrée principale du sérail de Hasbaya,
sur les contreforts du Hermon.
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Le Bourj ‘Ali est un véritable petit
palais, auquel on accède par l’ancien souk des
Joailliers8qu’il surplombe,
en empruntant un pittoresque vestibule en escalier raide,
étroit et voûté (Fig. 2). Celui-ci décrit un angle droit avant
de déboucher, au premier étage, sur une cour centrale bordée de
plusieurs pièces. L'ensemble est aujourd’hui recouvert, par
l’addition postérieure d’un deuxième étage et d’un toit de
tuiles rouges.
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Le premier étage est le “piano nobile” de
l’habitation. Au deuxième niveau, à l’angle sud est, on devine
deux pièces très anciennes qui furent à l’origine de la
surélévation.
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Le rez-de-chaussée abrite les écuries
(Fig. 3), un jardin et plusieurs échoppes donnant directement
sur le souk des Joailliers. Surplombant le jardin, une terrasse
appelée stayha prolonge le premier étage sur son côté
est. Tout porte à croire que l'habitation a été édifiée sur des
vestiges médiévaux importants9.
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La petite histoire
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Les Bani Hammoud étaient justement une
famille de agha ottomans, probablement d’origine
maghrébine et dont les descendants continuent de figurer parmi
les notabilités de la cité d’aujourd’hui11. Au XVIIIe siècle, ‘Ali Agha Hammoud et son frère
‘Outhman commandaient des troupes de janissaires au service du
wali (gouverneur, préfet) de Saïda12. Celles-ci étaient cantonnées dans la
qichlat, la caserne ottomane qui survit toujours à
proximité du palais, entre celui-ci et la mer (Fig. 5). ‘Ali
Agha tenait en outre un des bastions du système défensif de la
ville, une tour qui portait son nom et dont il allait faire sa
résidence : le Bourj ‘Ali.
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La date de construction du Bourj ‘Ali est
l’année 1134 de l’Hégire, comme le propose un bandeau
épigraphique gravé dans le mur de la pièce maîtresse de la
maison (Fig. 6). Elle correspond à l’an 1721 de l'ère
chrétienne. C’est l'inscription qui a dévoilé l'ancien nom de
la maison, le Bourj ‘Ali justement, rappelant que celle-ci
faisait corps avec une tour. Par la mention du terme
"as-Sa‘ada"15, l’inscription
sous-entend encore que le Bourj aurait servi de résidence au
gouverneur de Saïda, durant une certaine période ; ou peut-être
que ‘Ali Agha aurait gouverné la ville, lors d'une vacance. Et
la légende ajoute que les descendants de Fakhreddin II y
avaient séjourné pendant un temps16.
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Vers le milieu du XIXe siècle, les
Debbaneh, des négociants venant de Damas, occupaient la
résidence des Bani Hammoud. Tout porte à croire que
l'acquisition de la propriété a eu lieu par étapes. Des
documents fonciers du XIXe siècle, ceux des registres du
tribunal Char‘i de la ville17,
rapportent que la maison et ses abords appartenaient alors aux
Bani Zahra, à ‘Ali et à Houssayn notamment, et que des parties
(des bayt) étaient louées ou revendues à trois foyers,
les Darwich, les Baba et les Ghannoum. Par la suite, en 1859,
ces bayt furent achetés par Asin
Khlat18, épouse du
khawaja Yousif Debbaneh, négociant à Saïda. C'est sans
doute à cette période que la propriété fut étendue vers l'est,
en direction de la muraille.
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À Damas, gouvernaient alors les ‘Azem,
qui contrôlaient également les grandes villes de la région et
leurs réseaux commerciaux. Les contacts maritimes avec les
villes du nord de la Méditerranée s’étant cependant développés
aux dépens du commerce intérieur, le centre de gravité
économique régional s’était déplacé vers le littoral. Damas en
souffrit, à l’avantage des villes marchandes de la
côte19: Tripoli,
Beyrouth et surtout Saïda, la nouvelle capitale provinciale
dont le territoire s’étendait alors de Jbeil à Saint Jean
d’Acre. C'est sans doute pour saisir les occasions de la
nouvelle conjoncture économique que les Debbaneh quittèrent
leur ville d'origine20. Une partie de
la famille partit pour l’Égypte21et
s'y établit ; l’autre s’enracina à Saïda de manière
définitive.
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Fig. 7 : La qa‘a
Fig. 8 : Ablaq et mosaïques
Fig. 9 : Départ
d’arc en Mouqarnas
Fig. 10 : Sol en
marqueteries polychromes sur marbre blanc
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À Saïda, les Debbaneh investirent dans la
soie et devinrent proches des consuls
occidentaux22, à présent eux
aussi installés dans les villes côtières23. Ils tissèrent ensuite un réseau commercial avec
l'Égypte des Khédives24, à travers le
port d'Alexandrie. Du gouverneur, ils achetèrent l’affermage de
terrains agricoles, construisirent deux magnaneries, l'une à
Damour et l'autre sur la route de Jezzin, et entrèrent en
relation avec les soyeux lyonnais. Comme tous les membres des
familles chrétiennes en vue de l’époque, ils furent parés du
titre de Khawaja.
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C'est Yousif qui fut l'élément moteur de
ce dynamisme économique régional, dont le point nodal était le
vieux port de Saïda. Il fut à l’origine de la prospérité de la
lignée Debbaneh et de son implantation définitive dans la
ville. Il occupa le poste de consul du Royaume de Naples et des
deux Siciles. Son fils Raphaël, Drogman du consul de France,
contracta une alliance matrimoniale avec les Portalis, des
soyeux français installés dans le Mont
Liban25. Des échanges
commerciaux auraient également été établis avec la capitale
impériale, Istanbul.
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Dans l’intervalle, le Bourj ‘Ali était
devenu la résidence patricienne, le dar, des Debbaneh,
le lieu où venaient converger tous les membres de la famille au
sens large. Expression matérielle de la parenté, elle était le
bien de tout le lignage et traduisait sa cohésion. Elle fut
aussi le domaine de fondation et d’ancrage d’un lignage
maintenant intimement associé à la ville et, à ce titre,
désigné par Bani Debbaneh.
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Le Bourj ‘Ali, un palais turquisant du
XVIIIe siècle
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Le Bourj ‘Ali présente tous les éléments
constitutifs des dar arabo-ottomans de cette époque,
dont la structure et la décoration étaient semblables à celles
de certains édifices religieux qui combinaient pareillement
l’humilité des traitements extérieurs à la richesse des
agencements intérieurs.
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Deux masses architecturales
caractéristiques, confortées par la séparation fonctionnelle
des lieux, bordaient les parties sud et est d’une
cour26flanquée, sur son
côté ouest et tout près de la porte d’entrée, d’une
fontaine27appelée
sabil (Fig. 1). Le premier ensemble est formé par un
iwan, une pièce d’été ouverte sur un côté par un grand
arc brisé et orienté plein nord, et par deux chambres carrées
attenantes, les mourabba‘. L'autre bloc est un
appartement de réception à plan dit en T renversé. C’est la
qa‘a. Cette pièce, au décor particulièrement
gracieux28, est composée
d’un espace central appelé ‘ataba et orné d’un bassin,
et de trois pièces attenantes : des diwan au sol
surélevé et portant niches et placards
peints29(Fig. 7).
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Fig. 11 :
Plafond en bois travaillé, dit ‘ajami
Fig. 12 : Pièce
voûtée de la maison Sacy
Fig. 13 : La
niche pour chaussures dans le hall central de la maison Sacy
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La qa‘a est la salle principale de
la demeure. Elle témoigne d’une maîtrise parfaite du décor
inséré dans l’architecture à la manière de l’école mamelouke
syro-égyptienne, mais raffiné plus encore par inspiration du
classicisme ottoman à la mode d’Istanbul. C’est la période
artistique dite “de la Tulipe”, qui fut attentive à des
traditions décoratives tant européennes que perses et
indiennes, par l’utilisation de motifs floraux.
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Des ornements intérieurs, en ablaq
bicolore typique, qui alterne des pierres de taille de deux
couleurs différentes, sur le pourtour des fenêtres et des
portes et sur certains murs de la maison, agrémentent et
soulignent l’unité de cet ensemble turquisant du XVIIIe siècle
(Fig. 8). Dans la qa‘a, les départs d’arcs sont parés
d’alvéoles, ou mouqarnas, cette autre décoration
caractéristique de la période (Fig. 9). Des plaques incrustées
telles des mosaïques égayent au surplus les parois de cette
salle. Elles forment des tableaux nettement distincts les uns
des autres et séparés par des bordures. On dirait des tapis de
couleurs accrochés aux murs : autant de clins d'œil au jardin
d’Orient, le riyad.
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En marbre et calcaire polychromes, ces
décors, qui affectionnent autant la géométrie mamelouke que la
flore ottomane, occupent encore linteaux de fenêtres et
claveaux d’arcs surplombant les portes. Aux motifs géométriques
rehaussés d’entrelacs, d’étoiles et autres symboles, s’ajoutent
la rose, l’œillet, l’arbre fleuri aux longues branches et
surtout la tulipe, l’emblème dominant de ce bel âge ottoman.
C’est sans compter deux inscriptions en écriture décorative
dite naskh ta‘liq30qui
clôturent ce répertoire iconographique dont la qualité donne
une idée du luxe et du raffinement de la vie dans cette demeure
aristocratique urbaine.
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Le décor se fixe également au sol
recouvert de marqueteries polychromes sur fond de marbre blanc
(Fig. 10), et aux plafonds richement travaillé en bois de cèdre
gravé et peint en ‘ajami, à la manière perse (Fig. 11).
Des fenêtres à moucharabiyeh de bois ou à grillage en
fer forgé donnant sur le patio et sur la terrasse achèvent
d’embellir cette salle principale, de même que les autres
pièces de l’habitation.
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Tout porte à croire que cette demeure
était le selamlik d’une habitation à l’origine plus
large en surface. Accolée à cette maison et sur le même niveau,
la maison Sacy en aurait, semble t-il, formé le
haramlik. Cette dernière était elle encore composée
d’une cour et de pièces voûtées, dont l’accès se faisait par le
vestibule en escalier31et peut-être
aussi par la terrasse32(Fig. 12, 13
et 14). Des recherches restent encore à entreprendre sur cette
habitation mitoyenne.
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Fig. 14 : Porte
sculptée de la maison Sacy
Fig. 15 : Vue de
l’intérieur du deuxième étage
Fig. 16 : La
toiture en tuiles de Marseille
Fig. 17 : Tuiles
de la marque Guichard, Carvin et Cie, Marseille
Fig. 18 : La volière
Fig. 19 : La baie tripartite
Fig. 20 : Le balcon “à l’italienne”
Fig. 21 : Saïda, un carrefour d’échanges en Méditerranée orientale
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Une résidence patricienne aux
influences occidentales du XIXe siècle ottoman
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Nous ne connaissons pas la date exacte de
l'extension de la maison vers la muraille. En toute logique,
cela n'a pu s'effectuer qu'à la fin du XIXe siècle, au moment
de la transformation de l'espace extra muros en une
nouvelle route "moderne", la rue al-Moutran.
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En tout état de cause, l'habitation
elle-même fut restaurée au début du XXe siècle par Raphaël
Debbaneh, qui fit venir des maîtres artisans de Damas et un
ingénieur français d'Égypte spécialiste de l'art oriental, un
certain Deschamps33. Le palais fut
surélevé d’un étage et couvert d'un toit de tuiles de
Marseille34, à la mode
d'alors (Fig. 15, 16 et 17).
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Le second étage révèle aujourd’hui ses
imprégnations occidentales : un bel escalier intérieur à rampe
en bois néo-baroque, assorti d’une volière (Fig. 18) et
desservant le second étage ; des fenêtres en ogives, aux
vitraux polychromes et surmontant une immense baie vitrée (Fig.
19) qui éclaire l’étage et l'ancienne cour en contrebas et
devenue le salon ; de vastes chambres à coucher flanquées de
fenêtres largement ouvertes sur l'extérieur. C'est sans compter
les commodités "modernes" que la maison reçut : électricité,
salle de bain, toilettes, etc.
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Au niveau inférieur, le noyau historique
subit aussi quelques modifications : le carrelage Art Nouveau
du iwan, le dallage de marbre blanc marqueté de noir de
l'ancien patio, la pose de parquets dans les diwan et de
cloisons de bois pour les isoler de la
‘ataba35.
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Au troisième étage, une pièce unique fut
construite, la tayyara, haute et au sommet crénelée :
réminiscence ou rappel de l'ancienne place forte qu’avait été
cette maison-tour insérée dans le dispositif défensif de la
ville. Surplombant la ville et ses souks, elle s’ouvre à
présent sur un balcon “à l’italienne” (Fig. 20) et sert de lieu
d’agrément permettant de contempler le panorama, et de
bénéficier de l’endroit le plus frais durant les soirées
chaudes de l’été.
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Monument exceptionnel en son genre au
Liban, le Bourj ‘Ali, aujourd'hui la résidence Debbaneh, est au
centre d’une politique patrimoniale qui vise à le transformer
en musée d’histoire consacré à l’architecture et à l’urbanisme
sidoniens.
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Cette demeure de type damascène est en
partie inscrite dans une tour de garde remontant à l’époque
croisée. Elle fut remaniée au XVIIIe et ensuite au XIXe
siècles, intégrant successivement des formes et des
ornementations turquisantes de l’Âge de la Tulipe, puis
occidentalisantes — autant de témoignages de l'intensité des
échanges culturels qui avaient caractérisé la Méditerranée,
durant cette période (Fig. 21).
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BIBLIOGRAPHIE |
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1Université
de Balamand, Liban, et Centre d’Histoire des Villes Modernes et
Contemporaines (CEHVI), Université de Tours,
France.
2C'est la porte orientale de la ville, celle qui donnait accès à la route de Beyrouth. On l'appelait également al-Bawwaba at-Tahta, la porte du bas, en opposition à la porte méridionale, située à proximité du point culminant de la ville, près de la citadelle dite de Saint Louis. 3La résidence fut habitée par la famille Debbaneh jusqu’en 1978. Puis, elle fut squattée par des éléments armés, durant la guerre civile en question, pour être ensuite occupée par des réfugiés, et ce jusqu’en 1983. Cette occupation entraîna la détérioration de certains décors intérieurs et le délabrement de plusieurs pièces. Par ailleurs, l’enduit extérieur, par manque d’entretien durant plusieurs années consécutives, a laissé infiltrer la pluie et l’humidité. 4La demeure fut classée Monument historique le 8 février 1968, par décret n° 1432 du ministère du Tourisme. 5Pour une description très rapide, cf. Rihaoui 1996. Voir aussi Keenan 2001. 6Située derrière le palais ‘Azem, cette demeure est aujourd'hui transformée en restaurant. 7Pour une présentation, voir Keenan 2001. 8Ce souk débute au pied de la caserne, la qichlat ottomane, et file presque en ligne droite vers le sud, jusqu'au souk al-Moutran. Au XIXe siècle, la partie sud de ce souk prit le nom de ach-Chare‘ aj-Jadid, "la rue nouvelle", communément appelée ach-Chare‘. 9L'épaisseur des murs de soutènement porte à croire que ces vestiges datent de l'époque croisée. Nous savons que, sous les Mamelouks, les muraille des villes littorales furent détruites, pour empêcher leur reconquête par les Croisés (Ayalon 1996). Seule une investigation archéologique poussée permettra de confirmer cette hypothèse. En tout état de cause, nous pensons que les murailles ottomanes ont repris les fondations préexistantes. Signalons qu'à Beyrouth, le sérail était aussi en partie construit sur des fondations monumentales datant de la période croisée (Mariti 1787 ). 10Sur l'organisation général du pouvoir militaire, voir Shaw 1976-77. Pour un bilan rapide sur le rôle des agha, on lira Hitzel 1999. 11Cf. Majzoub 1983. 12Pour une histoire politique de cette époque, voir Khouri 1966. ‘Ali et ‘Outhman sont mentionnés dans un diaire des pères Capucins de 1626-1773 (Ms. de la Bibliothèque Franciscaine Provinciale : “Archives de Beyrouth”). 13Nous en trouvons mention dans Sinno 1988. 14Ce palais fut édifié en 1730 (Karkabi 1996). Il aurait été habité par le wali de Saïda lui-même, durant quelques années. Il fut tardivement transformé en école, la célèbre madrasa ‘Aycha. 15Titre que portaient les gouverneurs. Par extension, le "Dar as-Sa‘ada" était la résidence du gouverneur. 16Cette légende populaire, fortement imprégnée d’idéologie “nationaliste”, prétend même que Fakhreddin II y aurait séjourné, et ce en dépit du fait que le bâtiment a été construit quelques décennies après son trépas. 17Ces documents ont été retranscrits par Sinno 1988. 18La famille Khlat est originaire de Tripoli. 19Owen 1981, Abdel-Nour 1987, Panzac 1990. 20Une autre raison serait la scission de la communauté orthodoxe d'Antioche en deux branches rivales, la fondation conséquente de l’Église grecque catholique et les conflits qui s’ensuivirent avec l'autorité administrative locale. 21Une partie de la famille y fut alors recensée (Archives du Consulat d’Italie au Caire). Nous remercions A. Raymond de nous avoir fourni copie de ces documents. 22La plupart des renseignements contenus dans cette section ont été recueillis auprès des membres de la famille. Certains ont été glanés dans ses archives. Voir aussi Kweiter s.d. Une investigation profonde reste cependant encore à établir, pour mettre en cohérence les différentes étapes de ce parcours. 23Sur l'installation des consulats dans les échelles du Levant, on lira Charles-Roux 1928. 24Il semble que la famille Debbaneh était associée à la famille Abaza d'Égypte qui tenait commerce à Saïda aussi (Roz 1987). Un des souks portait le nom de cette famille, mais nous n’avons pas encore réussi à le localiser. 25Sur cette famille, voir Labaki 1984. 26Cette disposition a sans doute résulté du manque de place, ces deux masses étant généralement situées en vis-à-vis. 27Celle-ci servait sans doute de petit réservoir d'eau pour des ablutions rapides, à l'entrée de la maison. 28Par ailleurs similaire à celui du deuxième palais des Hammoud. 29À Damas, ces pièces sont désignées par tazar. 30Pour une présentation, Derman 2000. 31Lors de travaux de réhabilitation en 2001, cette porte fut découverte au niveau de l’angle que forme l’escalier. En ignorance de cause, elle fut de suite recouverte, nous faisant rater l’occasion d’en faire le relevé ou la photographie, et de vérifier pleinement nos hypothèses. 32En référence aux actes du tribunal Char‘i, les Sacy auraient acheté cette partie du Bourj ‘Ali en 1856 (Sinno 1988). 33Nous ne sommes pas sûrs de l’orthographe de ce nom. 34Ces tuiles sont fabriquées à Marseille - Saint André, par Guichard Carvin & Cie. 35Ces cloisons furent dégagées depuis un an pour restituer à la qa‘a sa splendeur d’antan. |
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Last modified: Tue May 4 21:23:12 2004 |