dont la superstition se trouve encore de nos jours chez les peuples
les plus divers (23) a fini quelquefois par s'identifier avec la
grande magicienne Hécate, que le papyrus de Paris invoque comme une
déesse à tête de cheval, voire comme le cheval, même (24). C'est
probablement lui, dont les récits populaires n'ont jamais oublié la
figure, qui réapparaît ici dans une société que l'on n'attendait pas.
La deuxième face porte seulement une inscription, dont voici le
texte
Le texte commence par une imprécation : Au au large, Abizion!
car ici demeurent Sisinnius et Sisinnia. - Puis vient,
semble-t-il, un abracadabra, dont les trois premières lettres font
défaut : ... olabraxkoiôn. je croirais volontiers que les
dernières lettres de ce groupe doivent se lire cri réalité , et
que c'est là, mêlé à l'abracadabra, le chien infernal, bien fait pour
inspirer l'efroi (25). Peut-être l'abracadabra est-il le nom de ce
chien. Ensuite se lit une invocation destinée à faire protéger le
détenteur du talisman : Protège - Théodore, qu'a enfanté
[Ch]ristine. La personne à laquelle s'adresse cette prière n'est
pas nommée. Je doute qu'il s'agisse d'un ange protecteur dont le nom
se cacherait dans l'abracadabra, ni du terrible chien. Il n'est guère
probable non plus que la prière s'adresse au talisman lui-même. Sans
doute faut-il plutôt sous-entendre quelque : (Seigneur,)
protége Théodore, etc. - Enfin vient une acclamation : Un seul
dieu! Cette acclamation se trouve presque toujours sur les
amulettes du saint cavalier (26), mais sa forme y est généralement
plus développée: , Un seul dieu, le vainqueur des maux,
des maux au nombre desquels comptent naturellement, et même
principalement, les démons innombrables contre lesquels l'amulette
doit lutter. Il n'est pas impossible que les derniers mots de cette
formule développée figurassent dans une septième ligne de notre texte,
dont il ne subsiste plus que des vestiges méconnaissables.
|
23. Sur le cheval infernal, voir
Malten, Jahrbuch des archâologischen Instituts, 24, 1914, p. 179
s.
24. Papyri graecae magicae, 4, 2301
;2549 ;
2614 Cf. Porphyr. de abstinentia
4.16 .
25. Papyri graecae magicae, 4. 1432 .; ibid. 2810 . --
Sur les rapports du chien aux enfers Malten, Jahrbuch des archäologischen In-
|
|
stituts, 24, 1914, p. 212
s. ; Hopfner, Griechisch-âgyptischer Offenbarungszauber, 1,
§ 333; 460; etc.-Je ne sais si l'on a des traces d'une croyance
analogue en Orient. je citerai cependant un passage du Fihrist d'Ibn
en-Nadîm (5, paragr. 7 Chwolsohn) : "Les Sabéens brûlent avec cette
nourriture un os fémoral de chameau, et t ils font cela pour le chien
de Modiyat, afin qu'il n'aboie pas leurs morts et que ceux-ci ne
prennent point peur".
26. Peterson, p. 91 s.
|
|